Nous ne supportons plus les clichés sexistes qui s’étalent sur les unes. Pourquoi réduire encore si souvent les femmes à des objets sexuels, des ménagères ou des hystériques ? Par ces déséquilibres, les médias participent à la diffusion de stéréotypes sexistes. Or ils devraient, à l’inverse, représenter la société dans toutes ses composantes. Ces stéréotypes sont à la fois la cause et le résultat des inégalités professionnelles, des propos et attitudes sexistes au sein des rédactions, mais aussi du manque de sensibilisation des journalistes à ces sujets.
Nous refusons que persistent ces inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes au sein des rédactions. Non seulement nous sommes plus touchées par la précarité, mais nous nous cognons aussi au «plafond de verre» : plus on monte dans la hiérarchie des rédactions, moins on trouve de femmes. Plus de 7 directeurs de rédaction sur 10 sont des hommes. Quant aux salaires, ceux des femmes journalistes restent inférieurs de 12% en moyenne à ceux de leurs confrères. Ces inégalités se reflètent mécaniquement dans les contenus de l’information. Comment accorder de la crédibilité à la parole d’expertes quand on peine à reconnaître les capacités des femmes journalistes à diriger des rédactions ? C’est le cercle vicieux qui touche toutes les femmes et encore plus - c’est la double peine - les femmes issues de la diversité. Pour lutter contre ces inégalités et créer les conditions d’une société plus juste pour tous, le collectif Prenons la une s’engage à pointer, au quotidien, les propos et stéréotypes sexistes dans les médias et à dénoncer les inégalités. Nous appelons nos consœurs et confrères à veiller dans leur travail quotidien à une juste représentation de la société, et à constituer dans leur rédaction une base de données d’expertes pour diversifier les sources et les rendre paritaires, comme le fait déjà la BBC. Nous les incitons aussi à veiller à ce que les dirigeants des médias appliquent la législation sur l’égalité professionnelle en commençant par un diagnostic de la situation de l’entreprise.
Par ailleurs, nous réclamons la présence de 50% d’expertes à l’antenne et sur les plateaux de télévision, en application concrète de «la juste représentation des femmes dans les médias»prévue par la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, dont le CSA doit préciser les contours. Nous demandons l’intégration de la parité dans les critères de déontologie du futur Conseil de presse et le conditionnement de l’attribution des aides à la presse au respect des lois sur l’égalité professionnelle. Enfin, nous proposons la création de modules de formation, dispensés auprès de tous les étudiants en école de journalisme, sur la lutte contre les stéréotypes et l’égalité professionnelle. Nous appelons tous les journalistes, femmes et hommes, à rejoindre ce combat pour l’égalité !
Premières signataires du manifeste lancé ce jour :
Claire Alet, Ruth Elkrief, Ségolène Hanotaux, Léa Lejeune, Audrey Pulvar, Mélissa Theuriau, de Prenons la une, composé de femmes journalistes (http://prenons-la-une.tumblr.com).
Source: Liberation
Par le collectif Prenons la Une
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