Comment améliorer la parité en politique en France ? Les sanctions financières suffiront-elles à convaincre les partis politiques « mauvais élèves » ? Comment combattre le sexisme quotidien ? Qu’en est-il de la parité en politique à l’international ? Quel bilan, par exemple, pour la parité, au Sénégal au parlement ?
- Capucine Edou, candidate pour les municipales à la mairie du 7e arrondissement de Paris (Parti socialiste). Son site
Flaminia Le Maignan,coordinatrice du réseau , fondatrice du réseau Femmes et Pouvoir
- Mariette Sineau, directrice de recherches au CNRS. Auteur de Femmes et pouvoir sous la Ve république. (Editions Sciences po Les Presses)
- Fatou Sow Sarr, sociologue à l’UCAD (Université Cheikh Anta DIOP) et fondatrice du Caucus des femmes pour la parité en politique au Sénégal
Sexisme en politique et parité : « C’est en train de changer »
7 milliards de voisins revenait lundi sur le sexisme en politique.
A trois mois des élections municipales françaises, état des lieux de la place des femmes en politique. Exemple du Sénégal où la loi sur la parité a changé les choses.
Avec 14% de femmes maires et 27% de députées, la France ne fait toujours pas figure de bon élève de la parité en politique. L’Assemblée Nationale examinera le 20 janvier un texte sur l’égalité Femmes/hommes, présenté la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Il comporte un volet prévoyant un doublement des pénalités payées par les partis. "Aujourd’hui l’UMP doit payer 3,9 millions d’euros de pénalités. Avec la nouvelle loi ça sera 6,7 millions. Le PS 1,4 million aujourd’hui, 2,8 millions avec la nouvelle loi" souligne Capucine Edou, candidate socialiste à la mairie du VIIe arrondissement de Paris.
Quelles places occupent les femmes en politique ?
Mariette Sineau, politique et auteur de Femmes et pouvoir sous la Ve République (Editions Presses de Sciences Po) relève « une spécificité française ». La place des femmes en France est très contrastée. On a la parité au niveau gouvernemental (autant de femmes ministres que d’hommes), alors qu’au niveau du Parlement, la France est à la traine de l’Europe », dit-elle. Au Sénégal une loi votée il y a trois ans a donné la possibilité aux femmes d’être mieux représentées. 42% des 150 députés sont des femmes. Pour la deuxième fois de son histoire, c’est aussi une femme qui est Premier ministre du pays. Mais au sein du gouvernement, les hommes occupent les principaux portefeuilles. La sociologue sénégalaise Fatou Sow Sarr s’inquiète cependant de «velléités de retour en arrière. Nous avons peur pour la suite ». Elle rappelle que «les femmes font beaucoup de politique au Sénégal ». Et d’insister : « Pas de raison qu’il y ait beaucoup de femmes engagées mais jamais appelées aux responsabilités ». Elle ajoute : « Depuis le vote de la parité au Sénégal, nous recevons de nombreuses délégations, notamment de députés Ivoiriens qui veulent savoir comment on a fait ». Mais bien souvent, en France comme en Afrique, les intitulés des ministères occupés par des femmes relève du cliché : petite enfance, famille, environnement. « Quand on observe les délégations municipales, on observe effectivement une division sexuelle des rôles politiques. Mais c’est en train de changer grâce à l’effet de la réforme paritaire. Des femmes s’occupent maintenant des transports ou de l’énergie », affirme Mariette Sineau.
Sexisme quotidien
Mais même élues, les femmes ne sont pas au bout de leur peine. «Les élues nous racontent que dans les collectivités territoriales, le sexisme est très présent. Elles en souffrent et partagent leurs anecdotes et les petits mots qui reviennent souvent », dit la coordinatrice du réseau Femmes et pouvoir, Flaminia Le Maignan. La politologue Mariette Sineau affirme que «la manière dont les femmes réagissent aux marques de sexisme a changé ». Elle ajoute : « Contrairement à il y a 15 ou 20 ans, les femmes sont assez fortes pour dénoncer ces formes de sexisme ». Mais tous les hommes ne sont pas sceptiques à l’idée d’avoir des femmes à leurs côtés dans les instances politiques. Maudou, un ancien élu sénégalais témoigne : A chaque fois qu’on organisait des réunions, je n’ai jamais constaté une femme absente ou en retard dans un conseil municipal
Toutes féministes ?
« Il y a des femmes qui ne sont pas dans ce combat là. Je me présente face à Rachida Dati dans le VIIe arrondissement de Paris. Le 8 mars (journée de la femme, ndlr), elle a sorti un journal qui était bourré de stéréotypes sur les femmes », regrette Capucine Edou. « Le sexisme n’est pas réservé aux hommes », appuie Mariette Sineau. Elle poursuit : « Il y a des femmes qui se sont prononcées contre la parité, qui disent qu’elles y arriveront par leurs compétences et uniquement par leurs compétences, qui ne veulent pas être des alibis ».
Article écrit par Tristan Quinault Maupoil
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