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Accueil Actualités Programme de développement pour l'après 2015 Activités du ROFAF relatives à l’après 2015 Quels sont les processus à travers lesquels s’élabore le nouveau programme de développement pour l’après 2015 ?

Quels sont les processus à travers lesquels s’élabore le nouveau programme de développement pour l’après 2015 ?

En 2015, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) arriveront à expiration. Le Système des Nations Unies - les agences spécialisées, les programmes et fonds des Nations Unies dirigés par le Secrétaire Général Ban Ki-moon - a entrepris depuis quelques années des démarches pour définir le cadre de développement global qui les remplacera. Afin de définir une feuille de route pour l’élaboration du nouveau programme de développement pour l’après 2015, plusieurs processus ont été mis en place dont certains sont arrivés à terme et d’autres sont actuellement en cours.

Par Massan d’ALMEIDA, Directrice Exécutive du ROFAF

I. Les différents processus liés à l’élaboration du programme de développement pour l’après 2015

Ces processus ont été mis en place par l’Organisation des Nations Unies et des institutions régionales. Leur but était de rassembler un maximum d’informations pour informer les dirigeants du monde sur le nouveau cadre de développement à mettre en place après 2015. Ils incluent :

A. Une Équipe spéciale du Système des Nations Unies : mise en place par le Secrétaire Général, Ban Ki-moon : elle est chargée de coordonner les préparatifs pour l'après-2015. Dirigé par le Département des Affaires Sociales et Economiques et le Programme des Nations Unies pour le Développement, l’équipe a réunis les efforts de plus de 60 agences des NU et des organisations internationales notamment la Banque Mondiales et le Fond Monétaire International. L’Equipe a concentré ses travaux analytiques sur le partenariat Mondial pour le développement et a soumis un premier rapport en mai 2012 au Secrétaire Général sur « Réaliser l’avenir que nous voulons pour Tous » où il décrit une vision pour le programme de l’après 2015 et un second rapport en Mars 2013 titré « Un Partenariat Mondial pour le Développement renouvelé» dont s’est inspiré le GPHN dans ses travaux.

B. Un Groupe de Personnalités de Haut Niveau (GPHN) : Mis en place le 31 juillet 2012, il est composé de 27 membres incluant des représentants de la société civile, des universités, du secteur privé et du secteur public et co-présidé par le Président de l'Indonésie, M. Yudoyono, la Présidente du Libéria, Mme Johnson Sirleaf, et le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Cameron. Ce Groupe d'experts étaient chargé de réfléchir aux nouveaux défis du développement, tout en s'appuyant sur l'expérience acquise dans la réalisation des OMD pour fournir des directives et formuler des recommandations sur le programme pour l’après 2015. Le GPHN a soumis ses recommandations sur la façon de parvenir à un accord sur le Programme post-2015 dans un Rapport remis au Secrétaire général le 31 mai 2013.

Les membres du GPHN sont:

1. Susilo Bambang Yudhoyono (co-président), Président de l'Indonésie

2. Ellen Johnson Sirleaf (co-présidente), Président du Libéria

3. David Cameron (co-président), Premier ministre du Royaume-Uni

4. Fulbert Gero Amoussouga, Conseiller économique du Président du Bénin

5. Izabella Teixeira, Ministre de l'Environnement du Brésil

6. Yingfan Wang, Membre de Groupe de Plaidoyer du Secrétaire Général sur l'OMD, Chine

7. Maria Angela Holguin, Ministre des Affaires étrangères de la Colombie

8. Gisela Alonso, Président de l'Agence de l'Environnement du Cuba

9. Jean-Michel Severino, Ancien Directeur général de l' Agence Française de Développement

10. Horst Köhler, Ancien Directeur Général du FMI et ancien président de l'Allemagne

11. Naoto Kan, Ancien Premier Ministre du Japon

12. Reine Rania Al Abdullah, Reine de Jordanie

13. Betty Maina, Directrice exécutive de l'Association of Manufacturers du Kenya

14. Abhijit Banerjee, Professeur d'économie internationale de la Fondation Ford, Inde

15. Andris Piebalgs, Commissaire européen pour le développement, Lettonie

16. Patricia Espinosa, Ministre des Affaires étrangères du Mexique

17. Paul Polman, PDG de Unilever, Pays-Bas

18. Ngozi Okonjo-Iweala, Ministre des Finances du Nigeria

19. Elvira Nabiullina, Conseiller Economique du Président russe

20. Graça Machel, Membre de The Elders, Afrique du Sud

21. Sung Hwan Kim, Ministre des Affaires Etrangères et du Commerce, République de Corée

22. Gunilla Carlsson, Ministre de la Coopération internationale, Suède

23. Emilia Pires, Ministre des Finances du Timor-Leste

24. Kadir Topbas, Maire d'Istanbul, Turquie

25. John Podesta, Président du Center for American Progress, Etats-Unis d'Amérique

26. Tawakel Karman, Journaliste, lauréate du Prix Nobel de la Paix, Yémen

27. Amina J. Mohammed, Nigéria (membre de droit, conseiller spécial de Ban Ki-moon)

Le travail du GPHN était guidé par 24 questions d'encadrement. Il a tenu sa première réunion le 25 Septembre 2012 en marge du débat annuel de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies. Un des résultats attendus était la définition de paramètres généraux du futur cadre. Les termes de référence du GPHN de haut niveau incluaient l'examen des conclusions des consultations nationales et thématiques aux niveaux régional et national.

C. My WORLD - L’Enquete mondiale des Nations Unies :

MY World est une enquête optionnelle mondiale pour tous les citoyens, conduite par les Nations Unies et leurs partenaires (Le Programme des Nations Unies pour le développement, la Campagne du Millénaire des Nations Unies, l'Overseas Development Institute et la World Wide Web Foundation).

Elle a pour but de recenser la voix des populations, leurs priorités et leurs opinions, afin que les dirigeants du monde entier puissent en être informés lors de la définition du prochain agenda mondial pour le développement. Par des méthodes créatives en ligne et hors-ligne, MY World demande à des individus de choisir six sujets parmi seize, qui auront d’après eux le plus d'impact dans leur vie. Ces seize sujets émanent des priorités exprimées par les populations démunies dans le cadre de recherches et de sondages, et ils recoupent les objectifs du Millénaire pour le développement ainsi que des questions relatives à la durabilité écologique, la sécurité, la gouvernance et la transparence.

L’enquête est ouverte à partir de décembre 2012 jusqu'en 2015, afin d’impliquer le plus grand nombre de personnes dans le plus de pays possibles afin qu'ils participent à MY World: des citoyens de tout âge, sexe et origine, et plus particulièrement les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées de la planète.

Les résultats ont d'abord été communiqués au Groupe des Personnalités de Haut Niveau avant leurs réunions de Monrovia, Bali et New York et ont été inclus dans son rapport final et ses recommandations pour un nouveau cadre de développement publié en mai 2013. MY World continue de recueillir les propos des citoyens jusqu'en 2015, et les résultats seront communiqués au Secrétaire général et aux dirigeants du monde entier lorsqu'ils prépareront le prochain agenda pour le développement d’ici à 2015.

MY World est une initiative qui complète d'autres initiatives faisant entendre les voix des citoyens dans le débat sur l'après 2015, comme le projet « Participate », mis en œuvre par l'IDS (Institute for Development Studies) et la coalition d'organismes de la société civile Beyond 2015, qui fait des recherches qualitatives approfondies sur les priorités des citoyens, et un grand nombre de consultations nationales et thématiques organisées par les Nations Unies à travers le monde. MY World complète ces initiatives et consultations en fournissant des données quantitatives sur les priorités et les revendications des citoyens.

D. Des Consultations Thématiques Mondiales: Démarrées en juillet 2012 sur la Plateforme en ligne « 2015 : le monde que nous voulons », l’objectif des consultations thématiques était d’organiser des réunions formelles et informelles avec différents acteurs autour des défis actuels et émergents. Onze consultations ont été organisées par le Groupe des Nations Unies pour le Développement sur les thèmes suivants :

1. Sécurité alimentaire et nutrition

2. Croissance et l'emploi

3. Gouvernance

4. Durabilité de l'environnement

5. Éducation

6. Santé

7. Eau

8. Dynamique de la population

9. Energie

10. Inégalités

11. Conflit et fragilité

E. Des consultations régionales ont été menées par des institutions régionales afin de formuler des positions régionales sur le programme de développement pour l’après 2015.

L’Union Africaine a à cet effet mandaté la Commission de l’Union Africaine, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, la Banque Africaine de Développement et le Bureau Régional du PNUD pour l’Afrique d’élaborer une Position Africaine sur le Programme de Développement pour l’après 2015. Cette Position commune africaine a été le résultat de multiples consultations sous-régionales et régionales avec les planificateurs africains (nationaux et régionaux), les OSC, les universitaires, le secteur privé et d’autres parties prenantes.

F. Des Consultations Nationales : Au total 88 consultations nationales ont été organisées par le Groupe des Nations Unies pour le Développement et sous la direction des Coordonnateurs résidents des Nations Unies. Ces forums qui se sont aussi déroulés sur la Plateforme en ligne « 2015 : le monde que nous voulons », ont permis d’échanger des idées pour une vision partagée du « Monde que Nous Voulons », dans un processus ouvert adapté aux contextes des pays avec un large éventail de parties prenantes, notamment les gouvernements, la société civile, le secteur privé, les médias, les universités et les groupes de réflexion soit plus de 5 000 groupes. Un échantillon de ces forums en ligne est posté sur http://www.worldwewant2015.org/sitemap#national

G. Un processus post Rio+20 mené par les gouvernements et incluant un Groupe Ouvert sur les Objectifs de Développement Durables (ODD) qui a été mis en place après la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (Rio+20, 20 - 22 juin 2012)


L’ensemble de ces processus ont informé les travaux du GPHN qui a compilé dans un rapport ses recommandations relatives au nouveau Programme post-2015.

II. Le rapport du Groupe de Personnalités de Haut Niveau (GPHN)

Le GPHN, chargé du programme de développement pour l’après-2015, a remis au Secrétaire général le 31 mai 2013 les conclusions de leurs travaux dans un document intitulé Pour un nouveau partenariat mondial : vers l’éradication de la pauvreté et la transformation des économies par le biais du développement durable.

Selon Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Liberia le rapport est la résultante de neuf mois de consultation intense à l’échelle mondiale et inclut les points de vue des gouvernements, de la société civile, des universitaires et du secteur privé. Prenant en compte les défis du 21ème siècle tels que la croissance économique précaire, les conflits et le changement climatique, et s’appuie sur des opportunités telles que les technologies modernes et les coalitions novatrices, le rapport établit, selon la Présidente Sirleaf, une nouvelle vision pour l’avènement d’un monde équipé pour surmonter les obstacles au développement humain et capitaliser sur les nouvelles opportunités. David Cameron, Premier Ministre du Royaume Uni a renchéri que le nouveau Partenariat permettra de finir le travail amorcé par les OMD d’ici 2030.

Le rapport propose un programme universel pour l’après 2015 basé sur cinq grandes orientations :

1. Ne laisser personne de côté. Le GPHN propose de rester fidèles aux promesses initialement contenues dans les objectifs du Millénaire pour le développement et terminer ce qu’ils ont commencé. Après 2015, il suggère de passer de la réduction à l’éradication de l’extrême pauvreté sous toutes ses formes. Il recommande de s’assurer que chacun d’entre nous, indépendamment de son appartenance ethnique, sexe, situation géographique, handicap, race ou autre critère, jouisse des droits humains universels et des opportunités économiques les plus élémentaires. Il recommande de fixer des objectifs visant les groupes victimes d’exclusion, en s’assurant par exemple de suivre les progrès à tous les niveaux de revenus et en offrant une protection sociale pour aider chacun à faire face aux incertitudes de la vie. Le GPHN pense que nous pouvons être la première génération de l’histoire de l’humanité à éradiquer la faim et à s’assurer que tous accèdent à un niveau élémentaire de bien-être. Il ne peut y avoir d’excuse. Il s’agit d’un programme universel, pour lequel chacun doit accepter sa part de responsabilité.

2. Placer le développement durable au cœur des débats. Pendant vingt ans, la communauté internationale a aspiré à intégrer les dimensions sociales, économiques et environnementales de la durabilité mais aucun pays n’y est encore parvenu. C’est pourquoi le GPHN recommande d’agir maintenant pour stopper la progression alarmante du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, qui constituent une menace sans précédent pour l’humanité. Il souligne qu’il faut arriver à une plus grande inclusion sociale. Car, il s’agit d’un défi universel, pour chaque pays et chaque habitant de la planète qui nécessitera un changement structurel, avec de nouvelles solutions et de nouvelles opportunités. Il convient que les pays développés ont un rôle particulier à jouer en favorisant les nouvelles technologies et en réalisant les progrès les plus rapides en matière de réduction de la consommation non viable. Il fait remarquer que plusieurs des plus grandes entreprises au monde mènent déjà cette transformation vers une économie verte dans un contexte de développement durable et d’élimination de la pauvreté. Et il affirme que c’est en mobilisant ensemble les actions sociales, économiques et environnementales que nous pourrons éradiquer définitivement la pauvreté et répondre aux aspirations de huit milliards d’individus en 2030.

3. Transformer les économies pour créer des emplois et favoriser un mode de croissance inclusif. Pour le GPHN, ce qu’attendent les citoyens du monde du nouveau Programme de développement pour l’après 2015, c’est un véritable bond en avant en matière d’opportunités économiques ainsi qu’une transformation économique profonde pour éradiquer l’extrême pauvreté et améliorer les moyens de subsistance. Ceci signifie un changement rapide vers des modèles de consommation et de production durables, en exploitant l’innovation, la technologie et le potentiel des entreprises privées pour créer plus de valeur et favoriser un mode de croissance durable et sans exclusion. Selon le GPHN, des économies diversifiées, avec l’égalité des chances pour tous, peuvent engendrer un dynamisme créateur d’emplois et de moyens de subsistance, particulièrement chez les jeunes et les femmes. Il affirme que le fait d’assurer de bonnes possibilités d’emploi tout en adoptant les modèles de durabilité de travail et de vie qui seront nécessaires dans un monde aux ressources naturelles limitées est un défi pour chaque pays sur Terre. Pour cela, il recommande de s’assurer que chacun dispose des éléments nécessaires au développement et à la prospérité, y compris l’accès à une éducation et à des compétences de qualité, aux soins de santé, à l’eau salubre, à l’électricité, aux télécommunications et au transport. Il propose à cet effet, de fournir à chacun les moyens d’investir, de créer une entreprise et de faire du commerce. En plus, il suggère de redoubler d’efforts pour tirer profit de l’urbanisation rapide car, pour lui, les villes sont les moteurs du monde en matière d’activités commerciales et d’innovation. Bien gérées, elles peuvent créer des emplois, de l’espoir et de la croissance, tout en intégrant la notion de durabilité.

4. Construire la paix et créer des institutions efficaces, transparentes et responsables pour tous. Selon le GPHN, vivre à l’abri de la peur, des conflits et de la violence est le droit humain le plus fondamental, et la base essentielle qui permet d’établir des sociétés pacifiques et prospères. Il établit que l’on s’attend partout dans le monde à ce que les gouvernements soient honnêtes, responsables et réceptifs aux besoins des populations. Il en appelle à un changement fondamental, c’est-à-dire à reconnaître la paix et la bonne gouvernance comme étant des éléments essentiels du bien-être, et non pas comme de simples options dans un programme universel, pour tous les pays. Il affirme que des institutions réceptives et légitimes encouragent l’état de droit, les droits fonciers, la liberté d’expression et des médias, le libre choix politique, l’accès à la justice, de même qu’un gouvernement et des administrations publiques responsables. Il souligne que nous avons besoin d’une révolution en matière de transparence, de façon à ce que les citoyens puissent voir exactement où et comment sont dépensés les impôts, l’aide et les recettes des industries extractives. Il note que ce sont des fins mais également des moyens.

5. Créer un nouveau partenariat mondial. Selon le GPHN, la réorientation la plus importante réside peut-être dans un nouvel esprit de solidarité, de coopération et de responsabilité mutuelle qui doit être à la base du programme pour l’après-2015. Il propose que ce nouveau partenariat repose sur une compréhension commune de notre humanité partagée, en soutenant le respect mutuel et le partage des avantages dans un monde de plus en plus petit. Il souligne que ce partenariat devrait impliquer les gouvernements mais également inclure d’autres acteurs : les personnes vivant dans la pauvreté, les handicapés, les femmes, la société civile ainsi que les communautés autochtones ou locales, les groupes traditionnellement marginalisés, les institutions multilatérales, les autorités locales et nationales, le milieu des affaires, le milieu universitaire et le mécénat privé. Le GPHN souligne que chaque secteur prioritaire identifié dans le programme pour l’après-2015 doit être soutenu par des partenariats dynamiques. Il affirme qu’il est grand temps pour la communauté internationale d’employer de nouvelles méthodes de travail afin de dépasser le simple programme d’aide et de mettre de l’ordre dans ses affaires en procédant à une réduction rapide de la corruption, des flux financiers illégaux, du blanchiment d’argent, de la fraude fiscale et de la propriété d’actifs non déclarés. Il recommande de lutter contre les changements climatiques, soutenir le libre-échange et le commerce équitable, l’innovation, le transfert et la diffusion de technologies et promouvoir la stabilité financière. Comme ce partenariat repose sur les principes de l’humanité commune et du respect mutuel, le GPHN souligne qu’il doit insuffler un nouvel esprit et être complètement transparent et insiste sur la responsabilisation de Toute personne impliquée.

De la vision à l’action

Le GPHN pense que ces cinq changements sont justes, intelligents et nécessaires, mais que leur impact dépendra de la façon dont ils seront traduits en priorités et actions spécifiques. Il affirme être conscient que cette vision serait incomplète sans un ensemble d’objectifs et de cibles indicatifs pour montrer comment ces transformations pourraient s’exprimer sous une forme précise et quantifiable. C’est pourquoi leur rapport présente ce cadre référentiel en annexe I, avec une explication plus détaillée en annexe II en espérant que ces exemples aideront à concentrer les efforts et à stimuler le débat.

Le GPHN reconnait que les cibles proposées sont ambitieuses mais pragmatiques. Tout comme les OMD, il propose qu’elles ne soient pas contraignantes mais qu’elles fassent l’objet d’un suivi rigoureux. Il recommande de ventiler leurs indicateurs pour que personne ne soit laissé pour compte et de ne considérer les cibles comme « atteintes » que si elles le sont pour tous les groupes sociaux et de revenus concernés. En outre, le GPHN recommande que tout nouvel objectif soit accompagné d’un système de surveillance indépendant et rigoureux et offre des occasions régulières de rapporter les progrès et les défaillances au niveau des plus hautes instances politiques. Il réclame également une révolution en matière de données pour le développement durable, avec une nouvelle initiative internationale pour améliorer la qualité des statistiques et des informations mises à la disposition des citoyens, qui tire activement profit des nouvelles technologies, du crowdsourcing et des meilleures connectivités pour fournir à la population des informations relatives à l’état d’avancement des cibles.

Le GPHN pense que ces cinq réorientations fondamentales considérées dans leur ensemble, peuvent supprimer les barrières qui maintiennent certaines personnes à l’écart et mettre fin au fléau de l’inégalité des chances, si répandu sur notre planète. Il affirme qu’elles peuvent regrouper les questions sociales, économiques et environnementales de manière logique, efficace, et durable.

Afin de parvenir à un monde qui, à l’horizon 2030, sera plus juste, plus prospère, plus pacifique et plus équitable et où le développement est durable, le rapport propose un cadre référentiel comprenant douze (12) objectifs et indicateurs :

Objectifs Universels et Cibles Indicatifs Nationales du nouveau Programme pour l’après 2015

1 Candidats à des normes minimales internationales, y compris les objectifs « zéro ».

2 Indicateurs à ventiler.

3 Cibles nécessitant davantage de recherches techniques afin de définir des indicateurs appropriés.

Objectif 1. Mettre fin à la pauvreté

1a. Réduire à zéro le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour et réduire de x % la proportion de la population vivant sous le seuil national de pauvreté tel que défini par leur pays en 20151, 2

1b. Augmenter de x % le nombre de femmes et d’hommes, de communautés et d’entreprises ayant un droit garanti à la propriété foncière ou autre2, 3

1c. Offrir à x % de la population pauvre et vulnérable un régime de protection sociale2, 3

1d. Accroître la résilience aux catastrophes naturelles et réduire de x % le nombre de décès causés par celles-ci2

Objectif 2. Autonomiser les filles et les femmes et parvenir à l’égalité des sexes

2a. Prévenir et éliminer toute forme de violence à l’encontre des filles et des femmes1, 2, 3

2b. Mettre fin au mariage des enfants1, 2

2c. Accorder aux femmes des droits égaux à ceux des hommes en ce qui concerne l’acquisition et l’héritage de biens, la signature de contrats, l’enregistrement d’une entreprise et l’ouverture d’un compte bancaire1, 2

2d. Éliminer la discrimination à l’encontre des femmes dans la sphère politique, économique et publique1, 2, 3

Objectif 3. Garantir une éducation de qualité et des programmes de formation tout au long de la vie

3a. Augmenter de x % la proportion d’enfants qui bénéficient d’un accès à l’éducation pré-primaire et sont en mesure d’achever une scolarité pré-primaire2

3b. S’assurer que tout enfant, indépendamment des circonstances, achève une scolarité primaire et sache lire, écrire et compter conformément aux normes minimales d’apprentissage1, 2

3c. Garantir que tout enfant, indépendamment des circonstances, ait accès à l’enseignement secondaire du premier degré et augmenter de x % la proportion d’adolescents qui obtiennent des résultats d’apprentissage reconnus et mesurables1, 2

3d. Augmenter de x % le nombre de jeunes et d’adultes, femmes et hommes, qui possèdent les compétences, y compris techniques et professionnelles, nécessaires pour travailler2, 3

Objectif 4. Assurer les conditions d’une vie en bonne santé

4a. Mettre fin aux décès évitables chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans1, 2

4b. Augmenter de x % la proportion d’enfants, d’adolescents, d’adultes à risque et de personnes âgées complètement vaccinés1, 2

4c. Faire baisser le taux de mortalité maternelle pour qu’il ne dépasse pas x pour 100 0001, 2

4d. Garantir des droits universels en matière de santé procréative et sexuelle1, 2

4e. Réduire le fardeau du VIH/Sida, de la tuberculose, du paludisme, des maladies tropicales négligées et des maladies non transmissibles prioritaires2

Objectif 5. Assurer la sécurité alimentaire et l’équilibre nutritionnel

5a. Éradiquer la faim dans le monde et protéger le droit de toute personne à avoir accès à des aliments sains, nutritifs, en quantité suffisante et à des prix abordables1, 2

5b. Réduire les retards de croissance de x %, l’émaciation de y % et l’anémie de z % chez les enfants de moins de cinq ans1, 2

5c. Augmenter la productivité agricole de x %, en mettant l’accent sur l’augmentation durable des rendements des petits exploitants et l’accès à l’irrigation3

5d. Mettre en œuvre des pratiques agricoles et de pêche en mer ou en eau douce durables, et reconstituer tous les stocks halieutiques désignés à des niveaux viables1

5e. Réduire de x % les pertes après récolte et le gaspillage alimentaire3

Objectif 6. Assurer un accès universel à l’eau et à l’assainissement

6a. Garantir à tous l’accès à l’eau potable dans les foyers et les écoles, les centres de santé et les camps de réfugiés1, 2

6b. Mettre fin à la défécation en plein air, garantir à tous l’accès à des installations sanitaires à l’école comme au travail et augmenter de x % l’accès à des installations sanitaires dans les foyers1, 2

6c. Aligner les prélèvements d’eau douce sur les réserves renouvelables et améliorer de x % l’utilisation des ressources en eau dans le secteur agricole, de y % dans le secteur industriel et de z % en zone urbaine

6d. Recycler ou traiter toutes les eaux usées municipales et industrielles avant leur rejet1, 3

Objectif 7. Garantir une énergie durable

7a. Doubler la part de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique mondial

7b. Assurer l’accès universel aux services énergétiques modernes1, 2

7c. Doubler le taux mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique dans la construction, l’industrie, l’agriculture et les transports

7d. Éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles préjudiciables et inefficaces qui encouragent la surconsommation1, 3

Objectif 8. Créer des emplois, des moyens d’existence durables et une croissance équitable

8a. Augmenter le nombre d’emplois décents et de qualité et améliorer les moyens de subsistance de x 2

8b. Réduire de x % le nombre de jeunes non scolarisés, au chômage ou n’étant pas en formation2

8c. Optimiser les capacités de production en assurant un accès universel aux services financiers et aux infrastructures telles que les transports et les TIC1, 2, 3

8d. Augmenter de x % le nombre de nouvelles start-ups et de y % la valeur ajoutée des nouveaux produits en créant un environnement propice aux activités économiques et en promouvant l’esprit d’entreprise2, 3

Objectif 9. Gérer les richesses naturelles de façon durable

9a. Publier des rapports économiques, sociaux et environnementaux et les utiliser au sein de tous les gouvernements et grandes entreprises1

9b. Améliorer la prise en compte de la durabilité dans x % des marchés publics 2

9c. Protéger les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique

9d. Réduire la déforestation de x % et augmenter le reboisement de y %

9e. Améliorer la qualité des sols, réduire l’érosion des sols de x tonnes et lutter contre la désertification

Objectif 10. Assurer une bonne gouvernance et un cadre institutionnel efficace

10a. Fournir gratuitement une identité juridique à tous, comme l’inscription au registre des naissances1, 2

10b. Garantir le droit à la liberté d’expression, à la liberté d’association et à la liberté de réunion pacifique ainsi que l’accès à des informations et des médias indépendants1, 3

10c. Augmenter la participation des citoyens à la vie politique et renforcer l’engagement civique à tous les niveaux2, 3

10d. Garantir le droit du public à l’information et l’accès aux données officielles1

10e. Lutter contre la subornation et la corruption et veiller à ce que les agents de l’État soient tenus responsables de leurs actes3

Objectif 11. Garantir des sociétés stables et pacifiques

11a. Réduire les morts violentes de x pour 100 000 et éliminer toutes les formes de violences envers les enfants1, 2, 3

11b. Veiller à ce que les institutions judiciaires soient accessibles, indépendantes, disposent des ressources nécessaires et respectent le droit à une procédure régulière1, 2, 3

11c. Contenir les éléments externes qui mènent au conflit, y compris ceux liés au crime organisé3

11d. Renforcer les capacités, le professionnalisme et la responsabilité des forces de l’ordre, de la police et du pouvoir judiciaire3

Objectif 12. Créer un environnement mondial favorable et encourager les financements à long terme

12a. Promouvoir un système d’échange ouvert, équitable, favorable au développement, en réduisant considérablement les mesures qui faussent les échanges, dont notamment les subventions agricoles, tout en améliorant l’accès au marché des produits des pays en développement3

12b. Mettre en place des réformes pour assurer la stabilité du système de financement international et encourager les investissements privés étrangers stables et de longue durée3

12c. Maintenir l’élévation de la température mondiale au-dessous de 2 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle, conformément aux accords internationaux

12d. Les pays développés qui ne l’ont pas encore fait doivent prendre des mesures concrètes pour atteindre les objectifs consistant à consacrer 0,7 % de leur produit national brut (PNB) à l’aide publique au développement (APD) en faveur des pays en développement et à affecter une part allant de 0,15 % à 0,20 % de leur PNB aux pays les moins avancés ; les autres pays doivent prendre des mesures pour atteindre des cibles volontaires en matière d’aide financière complémentaire

12e Réduire les flux illicites de capitaux et la fraude fiscale, et augmenter de x dollars le recouvrement des avoirs volés

12f. Promouvoir la collaboration et l’accès à la science, aux technologies, à l’innovation et aux données sur le développement3

 

III. Les réactions à la publication du rapport du GPHN

Alors que les gouvernements et plusieurs institutions ont hautement salué la publication du rapport du GPHN, plusieurs organisations de la société civile (OSC) et des droits de femmes ont nuancé leur appréciation des recommandations du GPHN et partagé leurs préoccupations dans des documents de position publiés en réaction aux propositions émises.

 

Pour en savoir plus sur ces réactions et les mobilisations autour des processus sur l’Après 2015, veuillez visiter la section spéciale du ROFAF sur le Programme de Développement pour l’après 2015.

 

 


Quels sont les processus à travers lesquels s’élabore le nouveau programme de développement pour l’après 2015 ?

 

A travers cette section, le ROFAF aimerait informer son audience sur les différents processus en cours pour l’élaboration du nouveau cadre de développement pour l’Après 2015, les actions de mobilisation et de plaidoyer entreprises pour les droits des femmes ainsi que les différentes possibilités d’engagement qui existent encore. En savoir plus


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