Je suis passionnée par la paix. Celle-ci n'a pas toujours figuré dans l’intitulé de mon poste, mais en regardant en arrière, c'est un fil rouge que j’ai suivi dans mon travail. Chacun a un rôle à jouer. Je veux aider les autres à atteindre leurs objectifs et à faire toujours plus. Mon but est d’impliquer plus de femmes dans les négociations et la planification de la paix.
Nous n'avons pas toujours été aussi ignorées. En Afrique de l’Ouest, les femmes servaient traditionnellement de médiatrices pour résoudre les différends ou les impasses. Comme le précise l’expression d’Akan : « Yen Ko bi saAbrewaa» (Allons consulter la vieille dame). Si seulement plus de gens nous écoutaient !
L'autonomisation des femmes rurales
Lorsque les communautés sont en conflit, elles négligent bien d’autres éléments. Les gens sont tellement occupés à faire la guerre qu'ils ne résolvent pas les problèmes sur lesquels ils s’épuiseraient autrement, avec ou sans la violence. J'ai vu cela trop de fois. Lorsque les communautés sont en paix, au contraire, elles sont capables de déterminer quelles améliorations doivent être apportées pour transformer leur vie.
J’ai été d’abord confrontée à cette situation dans les années 1990. Je travaillais sur un projet d’installation de pompes manuelles et j’aidais à combattre la menace du ver de Guinée dans la région nord du Ghana. Ce parasite vit dans l'eau sale et détruit la qualité de la vie. En travaillant avec des femmes de ces communautés rurales, j'ai vu à quel point elles essayaient de soulager les souffrances des populations locales et de leurs enfants. Elles s’en souciaient vraiment.
Sans la paix, tout s’écroule
Deux ans plus tard, je suis revenue au sein de ces mêmes communautés. Leur situation s’était nettement détériorée. En 1995, la guerre de Konkomba-Nanumba, dans le nord du Ghana, faisait des ravages. Certaines femmes avec lesquelles j'avais déjà travaillé sur le projet de pompes manuelles avaient tout perdu : leur famille, leur maison. Et même leurs enfants pas encore nés ! Le prix à payer pour un conflit est terrible. Plusieurs personnes ont perdu la tête suite à ce traumatisme.
J’ai su à ce moment-là que je devais faire quelque chose pour aider. Sans la paix, tout s’écroule. J'ai obligé les femmes à penser à des choses simples qui sont trop souvent oubliées dans les interventions face à une crise : des vêtements chauds pour les femmes qui fuiraient leur maison avec seulement ce qu’elles ont sur le dos et des livres pour aider leurs enfants à retourner à l'école.
Rien n’est simple après une vague de violence. De nouveau, l'attention doit être portée sur l’approvisionnement en eau. En effet, la décomposition des corps dans l'eau la rend impropre à la consommation. Même dans la mort, les guerriers continuent à représenter une menace pour la vie.
Se faire entendre et ne pas lâcher pied
Le sort de ces femmes m’a inspiré. L’envie d’apporter une aide humanitaire est restée ancrée en moi. En 2000, lorsque la violence a de nouveau éclaté à Bawku, au Ghana, j'ai chargé un véhicule de provisions et ai entamé l'un des voyages les plus effrayants de ma vie. J’ai parcouru près de 240 kilomètres dans les collines, en plein conflit, et avec un drapeau blanc sur la voiture comme seule garantie de sécurité. C'était intimidant, mais l’urgence de l’intervention a chassé ma peur.
Alors que la vague immédiate de violence s’était calmée, je suis devenue coordinatrice d’une initiative qui a permis aux factions de Bawku de se rencontrer et de discuter d'une solution pacifique. Nous tentions tout simplement de créer l'espace qui pourrait rendre le consensus possible. Nous avons insisté pour que les parties à la négociation incluent des femmes. Cela a permis d’attirer l’attention sur la futilité du conflit dans une région où il existe tant d’intermariages entre les membres des groupes belligérants.
| < Précédent | Suivant > |
|---|










