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Accueil Actualités Genre et conflits Femmes Défenseures des Droits Humains (FDDH) et Conflits Réflexions de l’équipe du Programme du jeune activisme féministe de l’AWID : Sanushka Mudaliar, Australie/Asie Orientale & Ghadeer Malek, Palestine/Canada

Réflexions de l’équipe du Programme du jeune activisme féministe de l’AWID : Sanushka Mudaliar, Australie/Asie Orientale & Ghadeer Malek, Palestine/Canada

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Lorsque nous nous sommes assises pour la première fois, avec nos collègues Hadil et Lindiwe pour commencer à planifier le forum, nous savions que ce serait une bonne occasion pour approfondir les discussions sur l’âge, les jeunes femmes et les mouvements des femmes. Mais nous savions que cela ne se limiterait pas à créer au sein du Forum, un environnement propice aux sessions dirigées par les jeunes. Les forums de Guadalajara et de Bangkok nous avaient préparées au fait que les sessions dirigées par les jeunes n’étaient pas très fréquentées par les participantes plus âgées et que cela limitait les discussions multigénérationnelles. Nous voulions changer cette dynamique.

Nous avons fait démarrer la planification en faisant quelques observations et en prenant quelques décisions. Nous avons note que le rôle des jeunes femmes dans l’activisme des droits de la femme augmentait avec le soutien accordé à la participation des jeunes femmes. Mais trop souvent ce soutien se traduisait par un modèle d’intégration simpliste : « Ajouter des jeunes femmes et mélanger ». Nous avons aussi reconnu que même dans des situations où des femmes de différentes générations travaillaient les unes à côté des autres, les interactions entre les generations étaient souvent faibles. Nous devions encourager les activists des droits des femmes à aller au-delà de la participation et à renforcer activement les relations intergénérationnelles dans leurs contextes spécifiques. En d’autres mots, nous devions nous débarrasser de cette dichotomie « jeune et vieux » et commencer à parler des besoins spécifiques et des contributions de chaque génération.

Le thème du Forum – Le Pouvoir des Mouvements – nous a fourni la plateforme parfaite pour générer un dialogue sur les relations intergénérationnelles dans nos mouvements. Mais comment réaliser un tel projet ? Nous avons décidé qu’il fallait un comité, et qu’il devait être composé de femmes exceptionnelles de tous les âges et provenant du monde entier. Mais au lieu de commencer à planifier le forum, nous avons commencé par discuter de nos expériences personnelles en tant qu’activistes des droits des femmes, jeunes et plus âgées. Nous avons beaucoup parlé des dynamiques de pouvoir liées à l’âge et de quelle manière elles influencent l’apprentissage intergénérationnel. Nous nous sommes provoquées au sujet de l’impact de «l'identité des jeunes femmes» qui, nous en avons convenu, a été cruciale pour créer une communauté favorable aux jeunes activistes. Parallèlement, cette identité a éloigné les femmes d’autres générations et nous a conduites à dissimuler les differences réelles qui existent entre les jeunes femmes.

En gardant ces discussions à l’esprit, le comité a ensuite imaginé un ensemble d’activités et de suggestions pour le Forum. La participation était la première étape évidente, nous avons donc travaillé avec le personnel de l’AWID pour faire en sorte que des présentatrices de classes d’âges différentes soient incluses dans les sessions plénières et les petits comités. Nous avons attiré l’attention du public sur le fait que le Caucus des jeunes féministes était un endroit où les jeunes femmes pouvaient se rencontrer, partager des expériences et échanger des idées. Cependant, en tenant compte des difficultés relatives à « l’identité des jeunes », nous avons décidé que le Caucus devait également atteindre toutes les femmes en organisant un déjeuner multigénérationnel le dernier jour du Forum. Nous avons aussi installé un kiosque d’accueil et un service « de mise en contact amical » pour les participantes de tous âges afin qu’elles rencontrent d’autres collègues dans leur domaine d’activisme. Nous avons agi ainsi, car nous savions que toutes les nouvelles venues n’étaient pas forcément jeunes. Et nous avons encouragé activement les participantes à présenter avec créativité leurs façons d’envisager des relations intergénérationnelles idéales sur une peinture murale.

Finalement, nous avons apporté des centaines d’écharpes roses au Forum. Nous avons convenu que les conversations les plus utiles et les plus intéressantes sur les rapports multigénérationnels, s’échangent entre deux personnes ou dans de petits groupes et permettent d’approfondir un sujet complexe. Nous avons pensé que ces discussions plus intimes auraient permis aux participantes de partager leurs histoires personnelles sur l’activisme, tissant ainsi les relations dont nous avons parlé. Nous avons écrit quelques questions pour lancer les discussions, puis nous avons commencé à chercher quelque chose qui stimulerait les discussions entre les personnes. Nous avons choisi des écharpes, car nous espérions que les personnes les porteraient durant le Forum et qu’elles les ramèneraient chez elles en souvenir de leurs conversations. Pourquoi roses ? Nous voulions que notre message soit aussi clair que possible !

Nous ne savions pas du tout si notre tactique allait fonctionner. Cela nous a rendues d’autant plus heureuses de voir à pratiquement chaque réunion du Forum des personnes qui arboraient fièrement leur soutien aux jeunes femmes, aux relations intergénérationnelles et à la construction d’un mouvement multigénérationnel. Ces signes, à leur tour ont provoqué d’intenses débats sur une série de sujets, allant des stratégies pour soutenir une nouvelle direction, aux méthodes d’organisation spécifiques aux classes d’âge, en passant par l’inclusion de la diversité dans nos mouvements et nos organisations.

Merci aux brillants membres du comité du Forum et à tous ceux qui nous ont écoutées. Nous espérons que vous continuerez à cultiver des relations internationales et à discuter de leur role dans les mouvements !

Dialogue intergénérationnel De Perla Sofia Vasquez Diaz, Mexique, REDLAC-ELIGE

Nous sommes arrivées au Forum, au Cap, et au bout de plusieurs jours de plaintes, de discussions et de lobbying dans les couloirs ou lors du Caucus des jeunes femmes où des jeunes femmes ont invité d’autres générations à échanger des conversations et à porter une écharpe rose, elles nous ont dit : « Je soutiens le dialogue entre les générations. Je suis prête à leur parler afin que nous apprenions ensemble. » -Jeune femme latino-américaine au Forum de l’AWID

Les jeunes femmes, féministes ou non, mais qui s’engageaient à transformer le monde, ont participé au Forum 2008 de l’AWID, au Cap en Afrique du Sud. Nous nous sommes servies de l’occasion pour appeler nos collègues à agir vigoureusement dans les luttes sociales qui défendent la jeunesse dans le mouvement des femmes. Notre message était le suivant : reconnaître le pouvoir des mouvements signifie reconnaître la présence des jeunes et des anciennes générations dans ces mouvements, et le besoin de dialoguer. Le pouvoir des mouvements réside dans la reconnaissance et le soutien des jeunes femmes en tant que protagonistes de la transformation de ce monde.

C’est le point de vue de quelques jeunes femmes activistes, et bien avant que le Forum n’ait lieu (trois ou quatre mois auparavant) nous avons conçu des stratégies pour promouvoir la réflexion sur la différence, et plus particulièrement pour sensibiliser nos collègues qui ne connaissent pas de jeunes femmes dans le mouvement ou qui pensent encore que les jeunes femmes doivent être protégées. Nous voulions leur rappeler que les jeunes ne veulent plus jamais être considérées uniquement comme des filles, ou comme ayant des mères ; nous voulons être des soeurs.

Les écharpes qui ont inondé symboliquement le Forum de rose, entouraient des cous, recouvraient des habits, étaient
nouées dans la chevelure des participantes, nous chuchotant la présence de jeunes femmes et nous rappelant que nous avions proposé une invitation de reconnaissance et de dialogue.

Nous avons invité des jeunes femmes de tout le Forum au caucus des Jeunes femmes. Nous les avons invitées à discuter et repenser nos programmes, nos défis et les possibilités de dialogue entre les jeunes femmes de différentes régions qui parlent différentes langues. Le dernier jour du Caucus, nous avons invite tous ceux qui étaient prêts à dialoguer avec les jeunes et qui étaient heureux de porter les écharpes roses et de nous consacrer un peu de temps à l’heure du déjeuner pour vivre cette expérience.

Comme nous le disons au Mexique, « les actions parlent plus fort que les mots ». De nombreuses jeunes femmes ont participé à la planification du Caucus sur la façon d’établir un dialogue avec les nombreuses femmes qui selon nous participeraient au dialogue intergénérationnel. Ayant pris conscience de la diversité culturelle et linguistique des femmes présentes, nous avons choisi une méthodologie qui se basait sur les régions du monde.

Finalement, il y eut bien sûr plus de jeunes femmes prêtes au dialogue (environ 50) que de femmes plus âgées (pas plus de
10). Les possibilités de dialogue furent donc limitées, mais nous fîmes de notre mieux. Nous avons décidé d’organiser un dialogue entre les jeunes femmes sur ce qui était arrivé. Réunies par groupes régionaux, les jeunes femmes latino-américaines parlèrent de cequi se passe dans notre région avec ce type d’alliances entre lesgénérations, et petit à petit, comme des gouttes avant la pluie, nos collègues plus âgées de L.A. commencèrent à arriver. Au bout d’un certain temps, un dialogue intergénérationnel riche et savoureux s’établit. Ce fut à peu près le seul du Caucus.

Quand avez-vous commencé à vous qualifier de féministe ? Comment étiez-vous lorsque vous étiez jeune ? De quelle manière vous êtes-vous impliquée dans le mouvement féministe ? Nous avons commencé le dialogue avec ces questions. Elles ont suffi pour déclencher un flot régulier de partage, de débats et d’échanges de souvenirs. Nous avons parlé pendant une heure, en réfléchissant aux histoires des autres, en reconnaissant les histoires des jeunes femmes hispanophones au Nicaragua, en Colombie, aux États-Unis, en Bolivie et au Mexique. Nous avons pris conscience que nous avions peur de nous qualifier de féministes ou que d’autres personnes, nos pères, nos frères ou nos amis, nous traitent de féministes. Nous retrouvions chez d’autres femmes les relations tendues et critiques que nous avions avec nos mères. C’est avec complicité que nous nous souvenions des caricatures, ou de l’impact des idéaux de la guérilla révolutionnaire de l’Amérique centrale, ou de la théologie de la libération, sur nos vies. Nous étions émues en nous rappelant nos amours violents et les violences familiales auxquelles nous avons survécu, et l’amour lesbien que nous avions accepté.

Les dialogues intergénérationnels du dernier jour du caucus, ont rapproché certaines femmes latino-américaines avec qui nous avons parlé, plus étroitement que les programmes politiques ou la reconnaissance que les jeunes possèdent des droits ou sont les protagonistes de changements sociaux. Elles/nous ont rappelé que le pouvoir des mouvements réside dans les peuples qui contribuent aux changements sociaux du plus profond de leur coeur et qui reconnaissent une compagne de lutte par sa capacité à s’unir pour construire sans abandonner son histoire personnelle.

Dialogue multigénérationnel au Caucus des jeunes femmes par Kathambi Kinoti (AWID), Kenya

La dernière session du Caucus des jeunes femmes était un dialogue multigénérationnel entre les jeunes féministes et celles qui sont plus âgées.Les membres du Caucus avaient travaillé fort à distribuer les foulards roses, notre marque de commerce, à environ 700 des personnes participant au Forum. Cependant, les personnes de plus de 30 ans étaient peu nombreuses à cette session.

Toutefois, en dépit de la faible présence des femmes plus âgées, la session a donné lieu à des discussions signifiantes et riches. L’une des questions principales avec laquelle les adeptes du dialogue multigénérationnel sont constamment aux prises est liée aux dynamiques de pouvoir dans les mouvements féministes. Selon Rathi Ramanathan, une activiste malaysienne, les espaces féministes peuvent être formés de cliques. Elle et plusieurs autres femmes se sentent plus à l’aise dans les mouvements pro-démocratiques.

Peggy Antrobus, des Barbades et âgée de 73 ans, offre une réflexion importante : « jeune » n’est pas toujours relatif à l’âge. Elle s’est jointe au mouvement des femmes quand elle avait 40 ans. « Les gens qui ont été mes mentors étaient plus jeunes que moi », dit-elle, « et je les ai toujours admirées ». Par contre, elle reconnaît que certaines questions de pouvoir sont liées à l’âge, à la classe et à d’autres manifestations de diversité. Par exemple, dans certaines situations, une jeune femme blanche peut être perçue comme ayant plus de pouvoir qu’une femme noire plus âgée. Ponni Arasu, une féministe indienne, convient que les femmes plus âgées peuvent apprendre des plus jeunes. Elle note : « L’apprentissage n’est jamais à une seule voie. » Elle souligne qu’on présume souvent des roles des jeunes femmes, sans comprendre qu’elles possèdent diverses habiletés.

Vinita Sahasranaman, qui vient aussi de l’Inde, estime qu’une part des inquiétudes entourant les relations multigénérationnelles est issue de la manière dont les organisations féministes sont mises sur pied. Elles doivent adopter des strategies de transition, d’une génération à l’autre et les féministes plus âgées doivent reconnaître le moment où elles doivent faire place aux plus jeunes. « Le dialogue et les débats ne fonctionneront pas si l’une des parties ne quitte pas! », affirme-t-elle.

Les féministes plus âgées veulent soutenir leurs collègues plus jeunes, mais ne savent pas comment le faire. Certaines estiment qu’il n’y a pas eu de formulation précise quant aux types de soutien don’t ont besoin les jeunes féministes. Bonnie-Lou Fatio, de la Suisse, note : « Nous ne pouvons lire dans les pensées, alors il nous faut savoir ce dont vous avez besoin. »

Plusieurs jeunes féministes, comme Marwa Sharafeldin, de l’Égypte, ont reçu l’appui de mentors plus âgées. La personne agissant comme mentor auprès de Marwa lui parlait d’occasions importantes, comme des conférences et lui présentait des personnes qui pouvaient contribuer à sa croissance professionnelle. Marwa suggère que nous examinions la façon dont nous nous parlons : parfois, ce que nous disons est valable, mais la manière dont nous l’exprimons en mine la crédibilité. « Dans le Sud », dit-elle, « nous honorons et respectons les personnes plus âgées et en retour, nous sommes respectées.En tant que jeunes femmes, nous devons réaliser que nous avons à la fois des droits et des obligations, dans le contexte de ce paradigme du respect».

Plusieurs jeunes féministes admirent les féministes plus âgées, dont elles ont entendu parler, notamment par leurs lectures et elles sont trop nerveuses pour se présenter ou entreprendre une conversation. Abiosseh Davis, des États-Unis, souligne : « Dans les endroits comme ceux-ci, nous rencontrons des femmes que nous admirons et auxquelles nous aspirons à ressembler. Fréquemment, nous ne voulons pas leur parler ou les approcher, mais nous ne devrions pas être si centrées sur nous-mêmes que cela nous empêche de le faire.» Elle mentionne que les femmes plus âgées ne devraient pas être si distantes. Elles doivent reconnaître les jeunes femmes.

Charlotte Young, de l’Afrique du Sud, apprécie le fait d’entendre les féministes plus âgées parler honnêtement de leurs regrets. « Cela m’aide à réaliser que je n’ai pas à être parfaite. Ces femmes sont incroyables, mais il est utile de savoir qu’elles sont humaines ». Merle Van Den Bosch, du Royaume-Uni, estime que nos comportements sont fortement influencés par les experiences douloureuses de l’enfance et que la plupart des gens ne font jamais face à leur douleur, même à l’âge adulte. Elle note que cette douleur se traduit dans les manières dont nous entrons en relation avec les autres et qu’elle nourrit les tensions intergénérationnelles. Elle fait la promotion de la guérison émotionnelle, comme moyen de favoriser la cohésion entre les différentes générations.

Peggy Antrobus mentionne que les jeunes femmes sont plus branchées à leur monde et que le monde change constamment. « Nous devons écouter ce qu’elles ont à nous dire », affirme-t-elle, « les idées que les jeunes femmes expriment m’impressionnent vraiment ».

 

A travers cette section, le ROFAF aimerait informer son audience sur les différents processus en cours pour l’élaboration du nouveau cadre de développement pour l’Après 2015, les actions de mobilisation et de plaidoyer entreprises pour les droits des femmes ainsi que les différentes possibilités d’engagement qui existent encore. En savoir plus


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