L’émotion suscitée par la mise à mort de la militante est grande à Benghazi et en Libye. Plusieurs pages Facebook ont été créées pour rendre hommage à la militante. L’un de ces pages, intitulée "Nous sommes tous Salwa Bughaighis" créée le 25 juin, immédiatement après l’assassinat de la militante, est déjà suivie par près de 19.000 personnes ".
Amnesty International a appelé les autorités libyennes à "faire tout leur possible pour que l’assassinat de Salwa Bugaighis fasse l’objet d’une enquête exhaustive, indépendante et impartiale, et que tout suspect soit amené à rendre des comptes – ce qu’elles ont manifestement omis de faire lors des précédents homicides politiques". Amnesty insiste sur le fait que Salwa Bugaighis défendait l’égalité entre hommes et femmes et la participation politique des femmes.
Une pétition en ligne a été initiée pour réclamer justice pour Salwa Bughaighisdont l’assassinat, lit-on dans le texte, doit être placé dans une " tendance générale " en Libye et au Moyen-Orient à réduire au silence et les femmes et leurs organisations.
La pétition appelle la Communauté internationale et le gouvernement libyen à initier une enquête internationale indépendante pour trouver les assassins et les traduire en justice. "Nous exhortons les parlements nationaux, l'UE et l'ONU à mener une enquête internationale et indépendante ".
L’unique témoin est mort… dans des conditions troubles
Les Libyens, connaîtront-ils un jour l’identité et les commanditaires des tueurs cagoulés qui ont assassiné la militante des droits de l’homme Salwa Bughaighis ?
La question est posée. L’unique témoin de l’attaque contre le domicile de la militante est mort vendredi, a indiqué le porte-parole de la chambre commune de sécurisation de Benghazi, Brahim Echaraa rapporte l’agence de presse Anadolu Agency, citée par Al Youm Essaba'a..
"Les premières informations parvenues à la Chambre mixte de sécurité de Benghazi indiquent que le témoin de nationalité égyptienne et qui travaillait comme gardien au domicile de Bughaigis est mort des suites des blessures subies lors de l’attaque " a indiqué Brahim Echaraa. Le gardien avait été atteint à la jambe après avoir été attaqué par cinq hommes cagoulés qui sont ensuite entré au domicile de la militante pour accomplir leur sinistre besogne.
Le Libya Herald est encore plus précis. Le témoin, Salem Ahmed Abdul Qader, qui faisait office à la fois de gardien et de jardinier est mort dans des conditions dramatiques. Il cite le porte-parole du Centre médical de Benghazi (BMC) qui indique Salem Ahmed Abdul Qader, a été déclaré mort à son arrivée vendredi et que son corps portait des traces de tortures.
Libya Herald note que les circonstances ayant précédée la mort de l’unique témoin restent floues. Il avait été emmené pour interrogatoire par la police dans le quartier de Fweihat Benghazi après l'assassinat de Salwa Bugaighis " mais on ne sait pas exactement quand et où il est mort ".
Une source sécuritaire dont l'identité n'est pas révélée, affirme, selon l’agence turque, que "le témoin de l’assassinat de Bughaighis n’est pas décédé de mort naturelle. Le but étant de faire disparaitre les preuves du crime ".Elle relève que le "témoin se trouvait au poste de police de Fweihat alors qu’il était atteint aux jambes. Il aurait dû être interrogé à l’hôpital et non dans un poste de police ".
Mohamed Hejazi, porte-parole du général Khalifa Haftar accuse les milices du Bouclier de Libye, réputée proche des Frères Musulmans, d’être derrière l’assassinat. Il fait état de photos publiées sur Facebook qui permettent d’identifier les plaques d’immatriculation des véhicules qui surveillaient la maison des Bughaighis
Dans sa dernière intervention publique avant sa mort, Salwa Bughaighis a parlé sur la chaine de TV Ennaba’a des accrochages armés qui se déroulaient à Benghazi entre des forces gouvernementales et la Katiba de Ra’afallah Essahati, islamiste, relevant de l’Etat-Major.
Parlant en qualité de témoin car son domicile se situe dans la région d’El Houari, près de la zone sous contrôle la Katiba Ra’affalah. Bughaigis y avait attaqué les milices armées qui, avait-elle dit, tuent les éléments de l’armée.
Bughaigis avait publié également sur sa page Facebook, les noms de trois soldats libyens tués à Benghazi.
"Oussama Al-Ferjani, atteint à la tête par derrière, Fayçal Al-Amrouni, à la tête, Mohamed Al-Terhouni, au cou. Et 13 blessés. Dieu te protège Benghazi"
L’assassinat de la militante des droits de l’homme a suscité une vague de condamnation dans le monde. Dans un article publié en hommage à la défunte, Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences à Human Rights Watch note qu’il est tragique que le dernier acte public de la militante a été de placer un bulletin de vote dans une urne pour les élections législatives, mercredi à Benghazi.
"Il est difficile d'accepter la réalité et le fait que Salwa, symbole d'espoir et de détermination pour tant de ses compatriotes libyens, ne déambulera plus dans les rues de Benghazi, se moquant des conventions et se contentant d'être fidèle à elle-même ".
Le mari de Salwa Bughaighis, mère de trois enfants, est toujours porté disparu depuis l'attaque de leur résidence à Benghazi.
Source: http://www.awid.org/fre/Actualites-et-Analyses/Les-Droits-des-Femmes-dans-l-Actualite2/Libye-Salwa-Bughaighis-enterree-dans-la-tristesse-l-unique-temoin-meurt-dans-des-conditions-troubles
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