J’ai présidé la plupart des sessions plénières portant sur la nouvelle constitution de la Tunisie. C’était la première fois que je participais à des activités politiques, et j’ai fini par rédiger une constitution !
Mais cela n’a pas été simple, car les débats sur la constitution étaient toujours très houleux. Un jour, tout le monde demandait à prendre la parole et parlait en même temps. C’était la pagaille complète ! L’un de mes collègues masculins voulait à tout prix prendre la parole. Quand j’ai refusé, lui demandant de respecter la procédure, sa réponse m’a sidérée. Il m’a répondu : « Respect ? Je n’ai aucun respect pour vous, vous êtes une femme ». Il pensait que je n’étais pas capable de présider la session, tout simplement parce que j’étais une femme.
Nous n’avions pas encore établi de règles intérieures permanentes, mais j’ai décidé d’interrompre la session, et j’ai demandé à ce collègue de venir dans mon bureau à des fins disciplinaires. Je lui ai parlé sur un ton ferme, mais en moi je tremblais.
Il m’a présenté ses excuses et, quand nous sommes retournés à la session plénière, il s’est excusé auprès de toutes les femmes de Tunisie.
Ce jour-là, quelque chose a changé. Cela m’a donné une crédibilité. Les gens ont commencé à prêter davantage attention.
Récemment, une personne spécialisée dans la recherche m’a dit que les jeunes femmes qui s’intéressent à la politique en Tunisie me considèrent comme un modèle exemplaire. C’est une lourde responsabilité ! Je souhaite que les jeunes femmes croient en leurs capacités. Je leur dis toujours : « Quand tu as un avis, donne-le ; ne sois pas timide ». Je leur dis également de ne jamais se contenter de la seconde ou de la troisième place alors qu’elles pourraient occuper la première place.
Les femmes en politique sont toujours des femmes. Nous pouvons rire, être joyeuses et toujours être politisées. Nous ne voulons pas nous comparer aux hommes, nous voulons être nous-mêmes et nous impliquer efficacement dans la politique.
Je souhaite que le Réseau de femmes leaders africaines donne de la visibilité aux femmes leaders partout en Afrique. Je souhaite que nous partagions et que nous nous épaulions. Les femmes doivent occuper une place centrale dans l’Afrique de demain.
Mehrezia Maïza Labidi est une politicienne et une interprète professionnelle de Tunisie. En 2012, elle a présidé un grand nombre des sessions plénières qui ont conduit à la création de la nouvelle constitution de la Tunisie, y compris une clause garantissant les droits des femmes. Actuellement, elle dirige la Commission de la femme et de la famille au Parlement tunisien, et elle est membre du Bureau exécutif du parti Ennahdha. En mai 2017, Mme Labidi a participé au Forum de haut niveau de femmes leaders pour la transformation de l’Afrique et au lancement du Réseau de femmes leaders africaines, que soutiennent ONU Femmes, l’Union africaine et la Mission permanente de l’Allemagne. Son récit fait ressortir l’importance de l’Objectif de développement durable 16, qui vise à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à toutes et tous et à établir des institutions efficaces, responsables et ouvertes à toutes et tous, à tous les niveaux, ainsi que celle de l’Objectif de développement durable 5, qui appelle au renforcement du leadership et de la participation des femmes à tous les niveaux des prises de décisions, y compris en politique.
Lisez d’autres récits de la série éditoriale « Où je me tiens... » sur le site d’ONUFemmes.
Source : ONUFemmes
J’ai présidé la plupart des sessions plénières portant sur la nouvelle constitution de la Tunisie. C’était la première fois que je participais à des activités politiques, et j’ai fini par rédiger une constitution !
Mais cela n’a pas été simple, car les débats sur la constitution étaient toujours très houleux. Un jour, tout le monde demandait à prendre la parole et parlait en même temps. C’était la pagaille complète ! L’un de mes collègues masculins voulait à tout prix prendre la parole. Quand j’ai refusé, lui demandant de respecter la procédure, sa réponse m’a sidérée. Il m’a répondu : « Respect ? Je n’ai aucun respect pour vous, vous êtes une femme ». Il pensait que je n’étais pas capable de présider la session, tout simplement parce que j’étais une femme.
Nous n’avions pas encore établi de règles intérieures permanentes, mais j’ai décidé d’interrompre la session, et j’ai demandé à ce collègue de venir dans mon bureau à des fins disciplinaires. Je lui ai parlé sur un ton ferme, mais en moi je tremblais.
Il m’a présenté ses excuses et, quand nous sommes retournés à la session plénière, il s’est excusé auprès de toutes les femmes de Tunisie.
Ce jour-là, quelque chose a changé. Cela m’a donné une crédibilité. Les gens ont commencé à prêter davantage attention.
Récemment, une personne spécialisée dans la recherche m’a dit que les jeunes femmes qui s’intéressent à la politique en Tunisie me considèrent comme un modèle exemplaire. C’est une lourde responsabilité ! Je souhaite que les jeunes femmes croient en leurs capacités. Je leur dis toujours : « Quand tu as un avis, donne-le ; ne sois pas timide ». Je leur dis également de ne jamais se contenter de la seconde ou de la troisième place alors qu’elles pourraient occuper la première place.
Les femmes en politique sont toujours des femmes. Nous pouvons rire, être joyeuses et toujours être politisées. Nous ne voulons pas nous comparer aux hommes, nous voulons être nous-mêmes et nous impliquer efficacement dans la politique.
Je souhaite que le Réseau de femmes leaders africaines donne de la visibilité aux femmes leaders partout en Afrique. Je souhaite que nous partagions et que nous nous épaulions. Les femmes doivent occuper une place centrale dans l’Afrique de demain.
Mehrezia Maïza Labidi est une politicienne et une interprète professionnelle de Tunisie. En 2012, elle a présidé un grand nombre des sessions plénières qui ont conduit à la création de la nouvelle constitution de la Tunisie, y compris une clause garantissant les droits des femmes. Actuellement, elle dirige la Commission de la femme et de la famille au Parlement tunisien, et elle est membre du Bureau exécutif du parti Ennahdha. En mai 2017, Mme Labidi a participé au Forum de haut niveau de femmes leaders pour la transformation de l’Afrique et au lancement du Réseau de femmes leaders africaines, que soutiennent ONU Femmes, l’Union africaine et la Mission permanente de l’Allemagne. Son récit fait ressortir l’importance de l’Objectif de développement durable 16, qui vise à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à toutes et tous et à établir des institutions efficaces, responsables et ouvertes à toutes et tous, à tous les niveaux, ainsi que celle de l’Objectif de développement durable 5, qui appelle au renforcement du leadership et de la participation des femmes à tous les niveaux des prises de décisions, y compris en politique.
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