Aisha et Aya à Benghazi, Hassan in Al-Bayda et Haya de Nalut veulent tous la même chose : Ils veulent retourner à l'école. En fait, pratiquement chaque enfant libyen avec qui j'ai parlé exprime son désir de retourner en classe dès que possible.
Par Christopher Tidey
Depuis le déclenchement du conflit, il y a cinq mois, la plupart des écoles du pays ont fermé, laissant dans l'incertitude l'éducation de près de 2 millions d'enfants de moins de 18 ans - et entrainant la perte de l'année scolaire.
La fermeture prolongée des écoles est le reflet du bilan dévastateur provoqué par le conflit armé en Libye : des professeurs devenus soldats ; des enfants enfermés à la maison par des parents qui craignent les balles perdues et les éclats d'obus ; et un manque de fonds disponibles pour payer les salaires et les approvisionnements. Dans quelques écoles, les enfants qui auparavant remplissaient les couloirs et les cours de récréation de rires et d'excitation sont désormais occupées par des forces militaires ou des familles déplacées en quête d'un refuge.
De Brega à Benghazi, de Misrata à Tripoli, les classes sont fermés par des volets ou rendues inaccessibles aux enfants pour qui elles ont été pourtant construites.
« Qui sait ce qui va arriver ? »
Ce n'est pas seulement leur scolarité qui est en jeu. Dans une crise humanitaire, les écoles aident à rétablir un semblant de normalité dans la vie des enfants qui ont vécu des événements traumatisants. La réhabilitation des écoles contribue à recréer pour les enfants un environnement protecteur en établissant des repères normaux au sein des communautés menacées par la violence et la guerre, en fournissant aux enfants un lieu leur permettant d'apprendre, de jouer et tout simplement d'être des enfants.
« Je déteste de ne pas pouvoir aller à l'école parce que je n'apprends plus rien ni ne peux voir mes amis », explique Hassan, 11 ans, qui vit avec sa famille dans un centre pour personnes déplacées à Al-Bayda. « À cause de la guerre, nous ne pouvons plus rien faire comme avant ».
Mariam, 17 ans, exprime sa profonde inquiétude à l'idée que le conflit puisse mettre en danger ses chances d'aller à l'université. « J'étais en dernière année au lycée quand les combats ont commencé, mais je pense que je devrai redoubler l'année prochaine à cause de toutes les cours que nous avons manqués » dit-elle. « J'espérais obtenir une bourse pour étudier les sciences de l'environnement à l'université, mais qui sait ce qui va arriver maintenant ? »
Des occasions manquées
Dans mes conversations avec les enfants libyens, j'ai malheureusement pu constater combien l'école est importante dans leur vie quotidienne, pour leur avenir et pour les guérir des blessures psychologiques infligées par le conflit en cours.
Il est impératif de rouvrir toutes les écoles en septembre pour rétablir un peu de stabilité dans la vie de ces enfants et pour anticiper d'autres ruptures dans leur développement scolaire. L'UNICEF travaille à ce que cela se concrétise dans les faits.
Dans l'intervalle, nous continuons de nous mobiliser avec nos partenaires dans le soutien de clubs d'enfant, qui ont été ouverts dans environ 130 écoles de Benghazi, afin d'offrir aux enfants une variété d'activités de loisirs. L'UNICEF étendra ce programme aux secteurs du pays actuellement plongés dans le conflit aussitôt que l'accès à ces zones sera possible.
Dessiner un avenir différent
Lors de la visite de l'un de ces clubs d'enfant, j'ai pu voir par moi-même comment les personnels bénévoles mettent tout en ouvre pour renverser les ravages psychologiques infligés par le conflit. À l'école de Mjed, où l'on ouvert l'un des premiers clubs en Libye, l'UNICEF et Save the Children ont formé 38 professeurs au soutien psychosocial et aux activités récréatives pour qu'ils prennent en charge les 200 enfants qui fréquentent le club chaque jour.
Un professeur ce sert des dessins des enfants pour montrer combien leur moral s'est amélioré régulièrement depuis l'ouverture des clubs en avril.
« Au début, les enfants dessinaient des scènes de guerre et de violence terrible », explique-t-il. « Maintenant ils créent des dessins plus positifs. Dans ce lieu, ils peuvent oublier les événements dramatiques en Libye ».
Un impact sur les enfants réfugiés
L'éducation est également un sujet d'inquiétude pour les enfants qui ont traversé les frontières de la Libye pour fuir les violences.
Environ 70 000 réfugiés libyens ont fui dans le sud tunisien depuis les Montagnes Nafusa et d'autres régions affectées par le conflit. L'UNICEF soutient les efforts du Ministère tunisien de l'éducation pour ouvrir six centres éducatifs et de loisirs dans les écoles de Tataouine, Medenine et Gabes. Environ 1500 enfants âgés de 4 à 15 ans pourront bénéficier de ces activités.
Dans le même temps, l'UNICEF, en collaboration avec Save the Children, est à l'oeuvre dans les camps de réfugiés pour apporter éducation et loisirs aux enfants de ces camps près de Ras Jdir en Tunisie. Au camps de Shousha, Une poignée d'enfants (52) qui s'est inscrite en langue, histoire et mathématiques m'explique combien c'est important pour eux de continuer à apprendre.
« Je ne sais pas où j'irai en quittant le camp, mais je veux vivre dans un endroit de paix et d'espoir », me dit Ayman, 16 ans, un jeune somalien qui vivait à Tripoli, la capitale libyenne, quand le conflit à débuté.
« Même si j'apprend des choses, ici, au camp », ajoute Ayman, « j'ai besoin de retourner à l'école afin de mener ma propre vie un jour ».
Source: UNICEF
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